Vulvodynie: Quelles sont les causes de la brulure vulvaire ?

La vulvodynie est une douleur au niveau de la vulve. Elle est aussi appelée vulvite ou vestibulite. Et elle est souvent décrite comme une brûlure vulvaire sans infection. Ou comme une irritation de la vulve. Si elle existe depuis trois mois. On peut parler de vulvodynie.

On ne sait pas quelle est la cause de la vulvodynie. Il n’existe que des soupçons. Je suis spécialisé, en tant que sexologue, dans le traitement de la douleur vulvaire.

Et cela m’a permis d’aider plusieurs centaines de femmes avec une douleur au vagin. Et de réaliser qu’on retrouvait des points communs. C’est aussi ce qui m’a aidé à mettre au point un traitement efficace pour soigner la vulvodynie.

Car il est compliqué de soigner la vulvite. La douleur vulvaire chronique étant due à plusieurs causes.

1- La vulvodynie est due à un dérèglement du système de la douleur

Nous avons un système complexe qui gère nos perceptions physiques.

  • Il augmente notre sensibilité si c’est nécessaire. Par exemple lors d’une caresse. Nous pouvons alors sentir la texture de la peau.
  • Et il la diminue quand il le faut. Comme quand nous marchons pieds nus.
  • Si nous gardions la même sensibilité pieds nus et au contact d’un élément doux. La douleur serait trop importante.

C’est comme si il y avait un bouton dans notre cerveau. Et qu’il réglait en permanence la sensibilité. Comme on règle le volume du son.

Dans certaines maladie ce système se dérègle. Et il est branché sur « hypersensible ». Comme la fibromyalgie. Du coup un contact modéré est tellement intense qu’il est douloureux.

Cela explique, par exemple, l’intolérance de la couture du jean. On la retrouve pour beaucoup de femmes qui ont une vulvodynie.

Elles ont toujours sentie cette couture. Mais avant la sensation était faible et habituelle. Et elles n’y faisaient pas attention. Cette perception, fortement augmentée par le dérèglement du système de gestion de la douleur, devient insupportable.

Une sensation peut ne pas être désagréable, voire plaisante. Mais si elle est très fortement amplifiée, elle devient douloureuse. Imaginez que quelqu’un monte à fond le son de votre lecteur Mp3 alors que vous écoutez une chanson !

2- La vestibulite est aussi due à la « mémoire de la douleur »

Toutes nos sensations viennent d’une information extérieure. Celle-ci est capturée par un capteur (les yeux, les oreilles, la peau…). Puis transmise au cerveau. Il va alors la traduire en quelque chose que nous comprenons.

Par exemple:

  • Nous entendons un bruit.
  • Le tympan vibre au rythme de ce son.
  • Cette vibration est transformée en une information. Et celle-ci remonte jusqu’au cerveau.
  • Il l’interprète et nous reconnaissons une chanson.

Quand trop d’informations arrivent en même temps. Le cerveau est « débordé ». Il n’arrive plus à traiter. Et il se crée une « file d’attente ». Parfois même, il n’y arrive plus. Comme si une caissière « débordée » par l’afflux de client devenait folle.

  • Faites l’expérience de regarder quelques instants la flamme d’une bougie. Puis fermez les yeux.
  • Vous continuez à voir un « fantôme » quelques secondes.
  • Pourtant aucune lumière n’arrive à l’oeil.
  • Comme vous avez regardé la flamme directement. Trop d’informations lumineuses sont arrivées en même temps à votre cerveau.
  • Il a donc gardé « en mémoire » les informations qu’il ne pouvait pas traiter de suite. Pour le faire après.

Vous avez regardé la bougie que quelques secondes. Mais si vous l’aviez regardée pendant des jours voire des mois. Combien de temps après avoir fermé les yeux continuerez-vous à voir une chose qui n’existe pourtant plus?

C’est la même chose pour la mémoire de la douleur !

Si vous ressentez longtemps une douleur. Alors l’afflux d’informations est trop important pour être traité. Et vous continuez à « ressentir » cette douleur. Bien que la zone ne souffre plus.

C’est le cas des « douleurs de membres fantômes » chez les amputés. Et c’est la même chose pour la vulvodynie et la vestibulite. La vulve a renvoyée beaucoup d’informations douloureuses au cerveau. Au départ à l’occasion d’un problème physique. Une vulvite infectieuse, une mycose, une cicatrice d’épisiotomie…

C’est pour cela qu’on retrouve souvent un évènement physique à l’origine de la vulvodynie ou de la vestibulite.

L’organe a été soigné. Mais la mémoire de la douleur fait continuer à vivre des douleurs. Et c’est aussi pour ça les antalgiques sont inefficaces sur la douleur vulvaire sans infection. Ils agissent sur la cause d’origine, alors qu’elle n’existe souvent plus.

3 – La vulvodynie est due à la capacité d’apprentissage du cerveau

On appelle cela la plasticité neuronale. Notre cerveau apprend tout le temps de nouvelles choses. Et il retient surtout deux choses:

  • Ce qui est associé à une émotion forte. C’est pour cela que vous souvenez de la première fois où vous avez fait l’amour. Et pas de la cinquième. C’était peut-être même mieux. Mais l’émotion était moins forte
  • Et il retient ce qui se répète. Comme faire ses lacets.

C’est pour cela que nous avons oublié beaucoup de ce que nous avons appris à l’école. Ce n’était ni lié à une émotion forte, ni répétitif.

On peut imaginer notre cerveau comme une boule de pâte à modeler. Qui est rayée par une aiguille à quand vivons un évènement.

  • Une rayure est peu profonde si c’est banal.
  • Et très profonde si c’est important.
  • Puis ces rayures disparaissent progressivement. Comme si le cerveau cicatrisait. C’est pour cela que nous oublions.
  • Quand un évènement se répète, c’est comme si l’aiguille repassait dans le même sillon, le creusant.

Le menu de votre repas de midi. Il y a trois jours. Est sans doute oublié. Car la rayure à disparue. Ce n’était ni important, ni répétitif. A moins que vous mangiez le même plat chaque jour de la semaine.

Par contre votre premier baiser est toujours présent à votre esprit. Car l’émotion était très forte. La rayure très profonde ne s’est jamais comblée. Idem pour lacets de chaussure. A force de refaire. Et donc de repasser dans la rayure, celle-ci est devenue permanente.

Dans le cas de la vulvodynie

  • La répétition de la douleur vulvaire.
  • L’inquiétude associée. Comme « est-ce grave »? Ou bien « est-ce incurable » ?
  • Fait que nous avons tout ce qu’il faut, pour creuser une rayure profonde. Et en plus repasser plusieurs fois.

Dans la vulvodynie, c’est comme ci le cerveau avait « appris » la douleur.

Et aucun médicament ne peut à lui seul effacer cela (mais certains traitements médicaux comme les anti épileptiques ou antidépresseurs aident).

Mais il existe des méthodes pour aider le cerveau à « oublier » cet apprentissage. Comme l’hypnose. Et je vais vous les expliquer dans la partie sur comment soigner la brûlure vulvaire sans infection. Mais je vous encourage à finir de lire la page avant d’aborder la partie traitement.

Rappelez-vous: « On combat plus facilement un ennemi quand on le connait bien »

4 – Dernière cause de la brûlure vaginale

Un périnée trop contracté

La douleur liée à la vulvodynie ou la vestibulodynie est telle qu’elle a plusieurs conséquences:

  • La peur d’un contact douloureux ou d’une brûlure vulvaire.
  • L’augmentation de l’anxiété et du stress.
  • Mais aussi la baisse du moral

Surtout que la vulvodynie touche plus les personnes stressées ou anxieuses. Les femmes qui ont une brûlure vaginale sont donc « tendues » mentalement. Et bien malgré elles.

Et du coup elles sont aussi tendues au niveau musculaire. Cela peut générer des contractures dans le dos par exemple. Mais aussi un périnée trop contracté. Tellement qu’il en devient douloureux.

C’est le même phénomène que dans la dyspareunie ou le vaginisme.

Et cette tension peut, à elle seule, expliquer une partie des douleurs de la vulvodynie. Surtout que les douleurs durent malgré les médicaments. Les antalgiques « classiques » ne détendant pas les muscles.

Un périnée trop tendu peut aussi provoquer une douleur pendant les rapports sexuels. On parle alors de dyspareunie. Et même parfois un vaginisme. Dans ce cas toute pénétration est impossible.

Il faut donc apprendre à détendre ces muscles. Pour ne plus avoir le périnée trop contracté.

5- C’est l’accumulation de plusieurs causes qui explique votre douleur vulvaire

Et c’est probablement pour cela que votre vulvodynie n’a pas pu être soignée jusqu’à présent.

  • Les crèmes anesthésiantes n’agissent qu’au niveau local. Elles n’ont aucun effet sur ce qui se passe au niveau du cerveau.
  • Les antalgiques ne fonctionnent pas pour la même raison.

Pour soigner la vulvodynie, il faut associer plusieurs techniques. Elles vont se compléter et faire peu à peu reculer la douleur vulvaire. Puis la faire disparaître.

En résumé:

Qu’est-ce que la vulvodynie ?

  • La vulvodynie (ou vestibulite selon la zone) est une sensation douloureuse au niveau de la vulve. Et ressentie depuis plus de trois mois.
  • Il faut commencer par consulter son médecin. Pour qu’il écarte ou traite un facteur physique. Une infection peut expliquer cette souffrance. Par exemple une mycose, un Herpes, un Candida Albican…
  • Mais s’il existe une brûlure vulvaire sans infection. Et qui dure. Il s’agit probablement d’une vulvodynie.
  • C’est une maladie lié à plusieurs choses:
    • Un dérèglement du système de la sensibilité douloureuse.
    • La difficulté du cerveau à traiter trop d’informations en même temps. La « mémoire de la douleur ».
    • La capacité d’apprentissage du cerveau. Il a « appris » les douleurs. Comme on apprend une langue étrangère.
    • Et une sensation douloureuse liée à un périnée contracté..
  • La vulvodynie n’est pas un problème psychologique
  • Ce n’est pas « dans la tête ». Ni purement physique. votre vulve n’est pas « malade ». C’est un problème neurologique, essentiellement.
  • Pour soigner une brûlure vulvaire sans infection, il faut associer plusieurs techniques. Et progressivement la douleur va diminuer. Puis disparaître.

Comme vous avez pu le constater en lisant cette page, la vulvodynie et la vestibulite sont des phénomènes complexes.

Nous allons maintenant aborder le traitement de cette maladie, mais si nécessaire, prenez le temps de relire cette page pour bien comprendre les causes de votre vulvite.

C’est important pour pouvoir guérir.

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Commentaires
4 Comments:
décembre 26, 2020

Bonjour,
Je souhaitais vous dire un grand MERCI pour votre travail et la création de ce blog. La vulvodynie m’a été diagnostiquée au mois de juillet dernier après plusieurs mois d’errance médicale (ce qui n’est finalement pas grand chose quand je vois que certaines femmes sont restées dans ce cas pendant plusieurs années, sans savoir ce qu’elles avaient et n’ayant aucun protocole mis en place pour être soignées). C’est une dermatologue qui a fini par valider mon auto-diagnostic et qui a transmis mon dossier au CHU de Lille. Je suis maintenant suivie depuis la fin du mois d’août, mais tout ce processus reste extrêmement flou pour moi malgré l’aide précieuse de la gynécologue/sexologue qui me suit. Je n’ai pas encore pu commencer les rendez-vous chez une kiné spécialisée à cause des mesures sanitaires et du manque de place. J’attaquerai en janvier. En attendant, votre blog est un lieu précieux de ressources, il redonne optimisme et force pour continuer vers une guérison. Vos articles sont clairs et donnent de vraies solutions. Encore merci pour cela et pour avoir pris la peine de transmettre toutes ces informations au grand public de façon gratuite. C’est extrêmement précieux.

mai 12, 2021

Bonjour,
Merci pour votre commentaire et veuillez excuser ma lenteur à répondre. J’ai beaucoup de travail et j’essaye de suivre ce blog en parallèle mais c’est parfois compliqué.
J’espère que votre vulvodynie est guérie.
Cordialement,
R.Moal

mai 27, 2022

Bonjour,
Tout d’abord merci pour cet article, c’est extrêmement intéressant.
Je me pose cependant une question : pourquoi attendre 3 mois pour poser le diagnostic ? Si toute cause infectieuse est écartée attendre si longtemps entretient ces sillons et augmente donc le temps de guérison, non ?

octobre 7, 2022

Bonjour,
Oui en effet cela peut surprendre. C’est en fait parce que le diagnostic de la vulvodynie est souvent posé par élimination. C’est à dire que c’est après avoir éliminé toutes les autres causes possibles de douleurs vulvaires que le médecin va dire qu’il y a une vulvodynie ou une vestibulite.
De plus avec les délais de rdv actuels chez les spécialistes les 3 mois sont souvent atteints rapidement malheureusement.
R.Moal

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